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Epic Fail Time

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Tout le monde en parle recevait deux gars du groupe Epic Meal Time, qui fait des performances radicales de cuisine hypercalorique. J’ai failli en parler quand le phénomène était tout chaud dans les interwebs, mais bon, j’avais d’autres chats à fouetter. Alors, je vais en profiter aujourd’hui.

Le premier volet concerne le phénomène en soi. C’est simple, cela me semble tout à fait une réponse ironique à la mode du bien-manger-santé et de la charge contre la malbouffe qui sévit depuis un bon bout de temps. Cependant, pour aller au plus simple, c’est en quelque sorte un « Jackass » gastronomique. Faut aimer le genre. Très peu pour moi. Mais encore, le problème, c’est que tout le monde peu essayer ça à la maison…

Sinon, ce qui est remarquable, c’est que l’entrevue à TLMEP était sous-titrée, puisque les deux gars sont unilingues anglophones, et natifs de Montréal. Cela a suscité une tonne de réactions sur le fil Twitter #TLMEP, contrairement à l’émission elle-même où le sujet à été à peine souligné par une question de Guy A Lepage. Vous vous douterez que je n’étais pas du côté de leurs défenseurs.

Non, vraiment, je ne suis pas à l’aise avec l’unilinguisme de certains de nos concitoyens anglophones. Et pour illustrer cela, je vais vous raconter une anecdote. J’étais en voyage au Mexique voilà presque une vingtaine d’années avec un ami. Un québécois qui s’était installé là-bas nous accueillait sur son humble domaine où il pouvait abriter et nourrir une dizaine de personnes. Il engageait quelques Mexicains pour l’aider à la cuisine et avec le service.

J’avais le réflexe de parler avec eux en anglais alors que j’allais commander, etc., mais le patron n’aimait vraiment pas ça. Donc, il essayait de m’apprendre quelques rudiments d’espagnol pour qu’au moins je puisse me débrouiller. Cependant, je retombais souvent dans mon habitude de retourner à l’anglais. Je me faisais taper sur les doigts par le maître des lieux, même si, dans le fond, j’étais un client, alors que le client devrait toujours avoir raison… J’ai fini par comprendre quand il m’a parlé de respect. C’était bien ça, le respect. Et c’est exactement l’illustration d’un manque de respect total que j’ai eu devant moi en ce dimanche soir. Un manque de respect que certains prennent pour un choix personnel indiscutable.

Il me vient des histoires d’horreur de dénigrement de notre langue bâtarde par leurs parents et leur milieu pour expliquer cet unilinguisme, mais je vais plutôt me rabattre sur la démolition de quelques arguments de leurs défenseurs, pour la plupart des chantres d’une conception particulièrement étriquée de la liberté individuelle. Je commence avec un hypothétique exemple : comment réagirions-nous devant un citoyen québécois unilingue chinois qui serait ici depuis un assez long moment? Est-ce que devant son refus de s’intégrer un minimum linguistiquement quiconque le défendrait avec l’argumentation de la sacro-sainte liberté individuelle? Rien n’est moins certain, à moins d’être complètement déconnecté de la réalité.

Nous sommes en société et il est bien évident que le langage commun est important. Jusque-là, tout va bien. Mais ça tombe qu’ici au Québec, province francophone, nous sommes encore dans le Canada, pays bilingue. Il est donc bien évident que les défenseurs de nos « enrobeurs » de bacon peuvent se permettre d’envelopper leurs beaux discours de liberté individuelle parce que ce sont des anglophones, parce qu’ils parlent la bonne langue. C’est de l’hypocrisie pure. Et c’est évacuer l’importance du caractère francophone pour la majorité québécoise, et, carrément, amoindrir presque à néant le poids linguistique du Québec dans le Canada. Réflexe de minoritaire quand tu nous tiens!

Sur Twitter, c’était assez pathétique d’en lire certains excuser l’unilinguisme des deux gars en le comparant avec l’unilinguisme de certains francophones, ici. Pour être logique, il faudrait le comparer avec l’unilinguisme de francophones dans des provinces et territoires anglophones, si cela existe. J’en doute. Quoi qu’il en soit, il est surtout question d’adaptation à sa société, et un Ontarien qui ne parle pas anglais, et un Québécois qui ne parle pas français sont deux exemples du même problème. Et ce problème porte une signature, celle de Pierre Elliott Trudeau, le père du bilinguisme et, bien sûr, du multiculturalisme. Vivez heureux dans vos ghettos qu’il disait!

Mais, pour revenir à nos champions de la liberté individuelle, je me permets de faire remarquer ici que je n’ai jamais composé ma critique dans une perspective étatique et juridique. J’use de ma liberté de critiquer dans l’optique où cela me semble un moyen d’arriver à un résultat, avec l’ajout de la liberté de critique des autres. La masse critique. Il y a plus de chances qu’un jour nos unilingues anglophones se mettent au français s’ils sentent un malaise que d’avoir vu toute leur vie les francophones (bilingues, en grande majorité) faire les carpettes, comme ça semble être le cas, visiblement. Si, depuis qu’ils sont nés, personne n’a osé leur mettre le nez dans l’absurdité de leur situation, ils peuvent bien avoir besoin de sous-titres dans une des émissions francophones les plus populaires au Québec.

Il faudrait maintenant une âme charitable pour traduire ce texte et leur faire parvenir…

(Source de l’image remixée : 917press)


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